Une compagnie adorée des Québécois se met à l'abri de ses créanciers
Fondée à Rimouski en 1974, l'entreprise Pentagone se place à l'abri de ses créanciers, un geste lourd de sens pour le commerce de détail québécois et régional.
Publié hier à 10h05, l'avis d'intention en vertu de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité confirme que le détaillant de vêtements doit 7,6 millions de dollars à près d'une centaine de créanciers.
Pentagone assure toutefois qu'il ne s'agit pas d'une faillite et que ses activités se poursuivent normalement.
L'entreprise précise que ses 41 boutiques demeurent ouvertes partout au Québec et que les commandes en ligne continueront d'être traitées comme à l'habitude.
La direction insiste sur la volonté de se donner du temps afin de restructurer certaines opérations et assurer la continuité à long terme.
Cette décision survient dans un contexte économique difficile pour le commerce de détail, alors que la concurrence numérique, l'inflation et les nouvelles habitudes de consommation exercent une pression constante sur les marges.
Pentagone reconnaît devoir adapter son modèle pour rester pertinent.
Pentagone et la restructuration, un déjà-vu chargé d'histoire
Ce n'est pas la première fois que le Groupe Pentagone traverse une telle tempête financière, puisqu'une procédure similaire avait déjà été enclenchée en 2012.
À l'époque, l'entreprise comptait 64 boutiques et son siège social était toujours établi à Rimouski.
Le principal créancier, Capital régional et coopératif Desjardins, avait alors vendu l'entreprise au Groupe Nero Bianco pour 5,3 millions de dollars. Cette transaction avait entraîné une réduction importante du réseau de magasins et le déménagement du siège social à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier.
Aujourd'hui, Pentagone mise sur la collaboration avec ses partenaires financiers, ses bailleurs et ses collaborateurs afin de traverser cette nouvelle étape délicate. Le discours se veut rassurant, axé sur la transparence et la recherche de solutions durables.
Pour plusieurs observateurs, ce dossier illustre les défis structurels auxquels font face les détaillants québécois, particulièrement ceux ayant bâti leur succès sur des réseaux physiques étendus.
Même des marques bien établies doivent maintenant revoir leurs façons de faire.
Pentagone demeure néanmoins un symbole fort de l'entrepreneuriat régional, surtout à Rimouski, autrefois surnommée la capitale du jeans.
Dans les années 1980 et 1990, la ville abritait les sièges sociaux de Pentagone, Vagabond et L'Ensemblier.
Le sort de Pentagone sera donc surveillé de près au cours des prochaines semaines, autant par les employés que par les consommateurs.
Pour plusieurs, l'espoir demeure que cette protection serve réellement de tremplin vers une relance crédible.
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