« J'ai eu comme prof Pierre Foglia en Communications à l'UQAM. Il m'avait dit à l'époque:
- Tu écris bien Lepage mais tu serais un mauvais journaliste.
Du haut de mes 20 ans, je lui avais demandé pourquoi.
- Les faits ne t'intéressent pas, tu veux surtout donner ton opinion.
J'ai répondu :
- Comme toi Pierre!
Il s'était énervé:
- J'ai couvert la nouvelle, pendant plusieurs années. Ma chronique je l'ai gagnée. Je l'ai méritée.
Il ne savait pas à l'époque, ou peut-être s'en doutait-il, que les médias s'abreuveraient un jour d'une surabondande de chroniqueurs plus ou moins pertinents au détriment de journalistes chargés de rapporter des faits plutôt que de les commenter capricieusement.
J'ai appris aujourd'hui que Pierre Foglia est décédé. Il a été le plus grands des chroniqueurs du Québec. S'inspirant librement d'Alexandre Vialatte, qu'il m'avait fait découvrir, il tricotait des chroniques, parfois poétiques, parfois impitoyables, parfois sportives, souvent intimes, pour critiquer le monde et ses travers.
Aujourd'hui, le Roi est mort, et du haut de la grande tour, le guetteur muni de puissantes longue-vues ne voit personne pour lui succéder.
Respect Monsieur Foglia.
Ti-cul Lepage. »