Ma grand-maman nous a quittés hier.
J'ai le coeur gros, pour ne pas dire brisé. J'ai pas beaucoup connu la mort avant, mais c'est la deuxième fois que je perds un grand-parent cette année. Et encore une fois, je n'ai pas pu arriver à temps pour dire au revoir, pris par mon travail que j'aime tant, mais qui m'éloigne un peu trop souvent.
J'ai passé les sept premières années de ma vie collé sur mes grands-parents, dans l'ancien garage de la maison familiale que mon grand-père avait converti en appartement pour nous faire un nid, un chez nous. Une porte séparait notre salon du leur; une porte toujours ouverte, par où les effluves de tourtière et de ragoût voyageaient jusqu'à nous.
Une porte que je traversais tout le temps pour aller voir grand-maman et grand-papa, voir ce qu'ils mijotaient, voir la visite qui était de passage, voir mes cousins et mes cousines ou les amis de mes parents.
Parce que c'était ça, cette maison-là: toujours du bon monde, de la bouffe, de la chaleur et des rires. Mes grands-parents donnaient tout, tout le temps, à tout le monde. Ils nous ont appris le partage, le soin, l'amour profond de la famille et de ceux qui nous entourent.
Ma grand-maman commençait à s'effacer depuis quelques années. Trop vite. J'ai écrit une chanson pour elle; je venais à peine de la terminer. J'ai eu le temps de lui faire écouter. J'ai vu son regard s'allumer quand elle a entendu les premières notes de musique.
Elle l'a trouvée belle ma chanson, elle me l'a dit.
«-C'est ben beau ça, c'est quoi?
- Je l'ai écrite pour toi, grand-maman. Ça parle de toi»
J'avais la voix étouffée, et de la difficulté à la regarder dans les yeux parce que j'avais trop de peine.
C'est la dernière fois que je l'ai vue.
Grand-maman c'est vrai que j'suis pas assez venu te voir. C'est vrai que j'étais loin.
J'aurais dû répondre à tes appels plus souvent.
Merci pour les valeurs, pour l'amour, pour le temps. Merci pour l'accompagnement sur les plateaux quand j'étais petit, pour ton sucre à la crème, pour les mots doux cachés dans nos bas, pour les résumés incompréhensibles des Feux de l'Amour, pour tes blagues un peu cochonnes et pour ton rire que j'aimais tellement, tellement.
Je te souhaite toute la visite du monde, en haut, et le meilleur verre de scotch avec ton Martin.
Je t'aime
-Tom-Éliot Girard